Le domaine de la santé mentale se fondait historiquement sur des idéaux coloniaux. Alors que le travail dans ce domaine intègre maintenant des diversités croisées, comment y a-t-on inclus la culture? Pour une grande majorité, la culture est souvent implicitement perçue comme un déficit qui fait obstacle au bien-être et qui existe en tant qu’entité distincte hors des vastes réalités vécues par les groupes. Par le biais de notre travail à Asra, The Punjabi Alcohol Resource et Broken Punjabi, une série d’échanges transnationaux, nous visons à problématiser les compréhensions particulières de la culture en mettant en évidence les frontières poreuses de sa définition et le danger de catégoriser les groupes minoritaires comme étant formés d’un seul bloc. Notre site Web, asranow.ca, offre beaucoup plus qu’une simple traduction « de l’anglais au panjabi », transposant plutôt en langage familier afin de garantir une réelle accessibilité aux collectivités. La compréhension des façons dont les idéaux coloniaux sont implicitement perpétués aide les personnes à s’engager dans un travail conscient au sein de leur collectivité et à reconnaître la force de la culture.
Présentateurs et diaporama
Ravia Dhaliwal
Ravia Dhaliwal (emploie le pronom « elle ») a récemment obtenu un baccalauréat ès arts avec distinction de l’Université de l’Alberta, lequel comprend une double majeure en sciences politiques et en études sur les femmes et le genre. Son mémoire de premier cycle portait sur les liens entre la dépendance et la masculinité au sein de la collectivité panjabi. Elle est animatrice pour Broken Punjabi, une série organisée par Asra : The Punjabi Alcohol Resource, qui vise à faire participer la collectivité panjabi à des dialogues sur l’alcool.
Manvinder Gill
Manvinder Kaur Gill est une chercheuse communautaire dont le travail est axé sur la religion, la culture et l’équité en matière de santé. Elle est titulaire d’un baccalauréat ès sciences et d’un baccalauréat ès arts (avec distinction) de l’Université de Winnipeg. Dans son mémoire pour la maîtrise en études religieuses à l’Université McMaster, elle abordait les recoupements entre l’alcool et le sikhisme, en portant une attention particulière aux influences du colonialisme, du genre et des traumatismes. Elle a obtenu des bourses de recherche de l’Université de Delhi et de l’Université de Victoria. Elle poursuit actuellement des études de maîtrise en travail social à l’Université de Toronto et s’intéresse à la compréhension des formes de guérison autochtones panjabi et sikhes pour le traitement des dépendances. Ses travaux visent à repenser les récits coloniaux et à orienter l’énergie vers des cadres d’amour et de justice, en favorisant des espaces de co-apprentissage. Elle a cofondé Asra : The Punjabi Alcohol Resource (asranow.ca), une initiative locale dirigée par des jeunes qui applique ses recherches dans la pratique.
Bavenjit Cheema
Bavenjit est cofondatrice d’Asra : The Punjabi Alcohol Resource. Elle se passionne pour la prestation, aux collectivités marginalisées, de soins de santé qui tiennent compte de la culture. Elle est actuellement étudiante de quatrième année en médecine à l’Université de la Colombie-Britannique.
Monica Cheema
Monica Cheema est une cinéaste et une éducatrice qui vit à Vancouver, en Colombie-Britannique. Elle a grandi dans une collectivité majoritairement panjabi à Surrey, et a été témoin de l’emprise culturelle de la dépendance sur ses membres. Elle manifeste un intérêt particulier pour les dimensions sociopolitiques et psychologiques de la consommation abusive d’alcool, notamment dans sa relation avec les traumatismes générationnels au sein de la cellule familiale.
Principaux points
- Dans les interventions en santé mentale, la culture est comprise et utilisée comme un marqueur de différence : soit un élément distinct, mais aussi un remplacement de la race comme trope privilégié de différence
- La culture est un concept hétérogène à facettes multiples qui peut améliorer, plutôt qu’entraver, les services de santé mentale et de lutte contre les toxicomanies
- Chez Asra, nous comprenons que l’intégration de la culture dans nos programmes augmente directement les chances que les collectivités panjabi utilisent ces ressources. Par exemple, les organismes ont souvent l’impression qu’une traduction directe « mot à mot » permet de rendre un produit qui respecte les différences culturelles. Le fait de comprendre que la traduction directe de l’anglais vers le panjabi n’a pas de sens en panjabi familier, nous l’utilisons plutôt comme une force lorsque nous nous exprimons en panjabi courant